Paresse, mère des arts et des nobles vertus
“O Paresse, prends pitié de notre longue misère !
O Paresse, mère des arts et des nobles vertus, sois le baume des angoisses humaines.”
Paul Lafargue, Le Droit à la Paresse.
"Le travail doit être maudit,
comme l'enseignement,
les légendes sur le paradis,
tandis que la paresse doit être le but essentiel de l'homme.
Mais c'est l'inverse qui s'est produit.
C'est cette inversion que je voudrais tirer au clair."
KAZIMIR MALEVITCH
La paresse comme vérité effective de l'homme
éditions ALLIA ©
"Ah ! sainte paresse ! salutaire indolence ! si vous étiez restées mes gouvernantes, je n'aurais pas vraisemblablement écrit tant de néants plus ou moins spirituels, mais j'aurais eu plus de jours heureux que je n'ai eu d'instants supportables."
Marivaux, Lettre sur la paresse (1740).
« je me suis rendu compte que si je travaillais tout le temps comme je le fais, du matin au soir, souvent du soir au matin, et d'un bout de l'année à l'autre, c'était par paresse. Oui, je fais tout le temps quelque chose, parce que j'ai remarqué que, lorsqu'on faisait quelque chose, on ne faisait qu'une chose, ce qui n'est pas fatigant, tandis que, lorsqu'on ne fait rien pendant une minute ou deux, on pense alors à tout ce qu'on a à faire et qu'on ne fait pas - et ça, c'est éreintant ! »
Sacha GUITRY, Théâtre, je t'adore
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« le repos de la paresse est un charme secret de l'âme qui suspend soudainement les plus ardentes poursuites et les plus opiniâtres résolutions ; pour donner enfin la véritable idée de cette passion, il faut dire que la paresse est comme une béatitude de l'âme, qui console de toutes ses pertes, et qui lui tient lieu de tous les biens. »
LA ROCHEFOUCAULD
Maximes
Le droit à la paresse
Je voudrais rendre hommage à celui qui, peut-être,
A été mon premier et mon unique maître,
Un philosophe mort voici quelques décades,
Mort de son propre choix, ni trop vieux, ni malade,
Il n'était pas de ceux qui entrent dans l'histoire,
Nous sommes peu nombreux à servir sa mémoire,
Il ne se posait pas en saint ou en prophète,
Mais il cherchait avant nous le bonheur et la fête.
Il rêvait d'une vie que l'on prend par la taille,
Sans avoir à la gagner comme une bataille,
Nous disait que la terre était pleine de fruits
Et de pain et d'amour et que c'était gratuit.
Il parlait de ne plus jamais plier l'échine,
Ni de se prosterner devant une machine,
Il souhaitait pour les générations futures
De ne souffrir jamais d'aucune courbature.
Sans vouloir enseigner, sa parole était claire,
En cela, peut-être, elle est révolutionnaire,
Je voudrais rendre grâce à ce maître en sagesse,
Qui ne nous arrivait ni d'Orient ni de Grèce,
Je voudrais rendre grâce à ce maître en sagesse
Qui ne demandait que le droit à la paresse.
© Interprète : Georges Moustaki