Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les Récréations d'Aubépine & Bridget
Les Récréations d'Aubépine & Bridget
  • Poésie, Rebellion, Révolte, Révolution, Anarchie, Poétique, Littérature, Rêve, Réalité, Vérités, Non-sens, Paresse, Récréations, Jardins, Chansons, Frissons, Evasion, Citations, Proverbes, Rire, Larmes, Soupirs, Sourires, Fleur
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
23 juin 2008

J'ai mal à l'âme

Les 5 semaines les pires de ma vie...
Un deuil que je n'ai jamais accepté, et que je n'accepterai jamais

La dépression, cela n'a pas d'effet que sur le mental, le moral et le physique, cela a des effets pervers: on fait un minimum de ménage, un minimum de courses, on oublie de manger, on resterait bien au lit toute la journée au lieu d'aller affronter la vie, les collègues, les amis, la famille, le monde.

On devient parfois agressif, égoïste, le bonheur des autres fait mal, très mal...

Alors, on prend des tranquilisants, de façon anarchique, ça abrutit, mais c'est cool, et puis tout de même, c'est le médecin qui les a prescrits, non?

Mais, comme on continue à avoir mal à l'âme, mal dans le coeur et dans le corps, que tout se dégrade, qu'on souffre d'insomnies, et que le somnifère ne fait aucun effet, on rajoute un peu de bière par là-dessus, et on double les doses...

Quand l'occasion se présente, un petit joint, et peut-être qu'on on oubliera tout!

On se colle devant son PC, des heures entières, on a l'impression d'exister, on écrit des avis, ils sont lus, appréciés, commentés... si on arrive encore à communiquer, c'est un signe, non?

On se dit qu'on n'est pas tout à fait tombé au fond du gouffre.

On se dit qu'on a changé, qu'on a vieilli de 20 ans d'un seul coup, et qu'il va falloir vivre avec cette nouvelle identité, qu'on ne retrouvera plus,( d'ailleurs, en a-t-on envie?) ce sourire et cette soif de vivre que certains nous enviaient...

D'abord, on a supprimé du Net tout ce qui pouvait rappeler cette ancienne identité: sites, listes de diffusion, on a désinstallé AIM, MSN, ICQ, on a changé ses identifiants de boîte à lettres, en demandant que le courrier ne suive pas... on ne répond plus au téléphone.

En fait, on n'oublie rien, mais on néglige tout!

On ne regarde plus autour de soi, d'ailleurs, on ne se regarde même plus soi-même dans un miroir, et si on pouvait vivre les volets clos, ou alors la nuit, il n'y aurait personne pour être témoin de la douleur, des larmes, de l'errance... de cette lente déchéance.

On se repasse en technicolor les scènes qui font le plus mal, en stéréo les cris, les "NON!", les sanglots.

On remonte dans le temps, cherchant ce qu'on a bien pu faire pour mériter ça...
Et surtout, qu'est-ce qu'on a bien pu faire pour que la chair de notre chair mérite ça!
Et croyez-moi, des raisons, on en trouve!

Et puis, vient la valse des "SI", et des "POURQUOI"... on culpabilise... si on avait vécu autrement, jusque-là, peut-être que tout cela ne serait pas arrivé?
Et on est persuadé de payer le prix de nos erreurs passées, mais le prix est trop lourd à payer, insupportable, comme il devient très vite insupportable de vivre avec cette idée...

La dépression devient notre alliée...

Oui, on souffre, mais puisqu'on se sent responsable, on ne souffre pas encore à la hauteur de ce qu'on a mérité de souffrir, elle va nous aider à souffrir davantage, il suffit de se laisser aller, et de tout négliger: son apparence, ses proches, sa famille, ses amis, son intérieur, de faire en sorte de ne plus s'aimer, et on s'y applique.

On continue à travailler, car l'obligation force à se lever le matin, même après seulement deux heures de sommeil. On ne tient pas debout, tout tourne, alors dès l'arrêt de bus, on a envie de faire demi-tour et c'est en larmes qu'on arrive au bureau.
Et là, comme on n'est plus capable de travailler "comme avant", on culpabilise encore davantage.

Tous les prétextes sont bons pour ne pas aller consulter un spécialiste: on choisit bien sûr le seul qui est en vacances et qui ne rentrera que début septembre!
Mais il y a des "rémissions", des moments de lucidité. Dans ces moments-là, on se dit qu'on va remonter la pente, ne serait-ce que pour ceux qui nous aiment.

Seulement voilà, le temps n'efface pas la douleur, je croyais qu'il l'apprivoisait... eh bien, non, il ne l'apprivoise même pas.

Alors, on n'a plus qu'une envie, de s'endormir, et ne jamais se réveiller.

Pour ne plus voir ce petit cercueil blanc, minuscule, pour ne plus voir ce tout petit bébé mourir dans les bras de son père, pour ne plus entendre mon fils crier qu'on lui a arraché le coeur, pour ne plus sentir l'abomination de la douleur de son épouse, pour ne plus avoir le coeur déchiré.

Je ne veux plus pleurer, je veux seulement m'endormir...

*****

Pour apprendre à vivre avec ma souffrance, j'ai eu besoin de l'écrire, il y a 6 ans de cela...
Aujourd'hui, j'ai encore besoin de pleurer, même si la dépression semble passée.

Publicité
Commentaires
B
les maux à l'âme, c'est comme la chanson: ça s'en va et ça revient. et ça revient quand tu l'attends le moins. ça te tombe dessus quand tu as une lueur de bonheur, tu te dis que la vie n'est pas si mal, et d'un coup tu as le moral dans les baskets et tous les peines de ton coeur reviennent au galop. et ça fait mal à chaque fois.
Publicité
Les Récréations d'Aubépine & Bridget
Derniers commentaires
Newsletter
Archives
Publicité